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LE BARBECUE Roland Magdane
Imagine t'as une maison. T'as la chance d'avoir une maison avec un petit jardin. Il fait beau, c'est le premier dimanche où il fait beau, et là, comme par hasard, t'as des mecs qui déboulent chez toi à l'improviste : « Ah ouais, on passait dans le quartier et on s'est dit : tiens on va aller les voir », «  Écoutez, comme vous êtes chez nous, vous allez bien rester déjeuner ? » « Ah bah oui, d'accord on n'y avait pas pensé » Et 5 minutes après ils sont comme chez eux : « oh hé, si on déjeunait dans le jardin ? » Et là pour toi le merdier commence. D'abord, il faut nettoyer ta table de jardin, qui est restée dehors pendant tout l'hiver, qui est recouverte de merde d'oiseaux. T'es là avec ta raclette…ce n'est pas possible, mais qu'est-ce qu'ils bouffent ces oiseaux c'est bien dur leurs chiures de merde… Au bout d'un quart d'heure, t'en as ras le bol, dès que ta femme a le dos tourné tu mets la nappe directement sur les cacas d'oiseaux. C'est fait chérie j'ai tout fini… Ta femme arrive elle te dit : « mais ça ne va pas t'as mis la nappe à l'envers ». « Non non, ne touche pas à la nappe. J'aime bien les couleurs pastel, va ma chérie je m'occupe de tout vas-y, va à la cuisine. Là tu mets les couteaux, les fourchettes, les verres, tout le merdier, elle revient 5 minutes après : « Non mais ça ne va pas t'as oublié la rallonge » « Oh non, mais pourquoi tu ne m'as pas dis qu'il fallait une rallonge ? » « Parce que tu ne m'as demandé, si tu m'avais demandé je te l'aurais dit mais tu ne me demandes jamais rien et comme tu ne fous jamais rien à la maison quand tu fais quelque chose tu fais toujours que des conneries ». Ça vous rappelle quelque chose les mecs ? C'est bon je ne suis pas tout seul. Bon tu mets la rallonge et comme de bien entendu quand t'as mis la rallonge la nappe est trop petite. « Oh merde, chérie elles sont où les nappes ? » « Dans le placard des nappes » «  Il est où le placard des nappes ? » « A côté du placard des torchons » «  On a un placard pour les torchons ? Mais c'est une folie financière ! » 5 minutes après t'es en train de déplier toutes les nappes pour en trouver une grande et c'est une fois que tu l'as déplié que tu t'aperçois que c'est une petite. « Oh merde ! » Bon la première tu la replies bien comme il faut pour ne pas te faire engueuler et à partir de la deuxième tu commences à les rouler en boules et à les bourrer dans le placard avec le pied. «  Chérie je ne trouve pas de grande nappe » « T'as qu'à en prendre deux petites ». Alors là arrive le barbecue. Je ne sais pas vous, mais je me demande toujours comment des hectares de forêt peuvent s'enflammer en 5 minutes avec soit disant un petit mégot alors que moi avec 4 litres d'alcool à brûler, deux boîtes d'allumettes familiales il faut me minimum deux heures pour allumer 4 petites brindilles ! Attend une fois que c'est allumé, ce n'est pas fini. Il faut souffler dessus pour ne pas que ça s'éteigne. Pendant que tes copains prennent l'apéritif tranquille, toi t'es là comme un con (wouou, wouou) trois quart après t'es toujours sur tes brindilles (wouou, wouou) mais tu commences à avoir un petit coup de barre et là, quand tu te relèves, tes merguez sont pas cuites mais toi t'es brûlé au troisième degré. «Ah chérie j'ai mal, j'ai mal. Tu ne sais pas où sont mes lunettes ? » «  Non je ne sais pas où elles sont, t'avais qu'à les ranger. Je ne peux pas toujours passer derrière toi, si je n'étais pas là je me demande bien ce que tu deviendrais ! » Toujours en osmose les mecs ? « Bon t'inquiète pas chérie, elles sont peut-être dans la cuisine, je vais allez voir. » « Tu vas dans la cuisine ? » « Oui, je vais voir s'il y a mes lunettes » « Pars pas les mains vides » Alors celle là c'est la pire ! Nous les mecs on entend ça depuis tout petit. Du coup tu pars chargé comme un mulet, tu fous tout dans la cuisine et là tu dis : « Bon je vais aller me planquer dans les toilettes pour être peinard », et là alors que t'es enfin tranquille t'entend ta femme qui t'appelle de loin : « Chéri, chéri je sais que t'es dans les toilettes » « Oh merde » « A table » Alors tout le monde s'installe. Alors quand tu manges dehors dans le jardin, y en a toujours un qui est mal assis, genre assis bancal, le pied dans le trou de la taupe. « Ça va Gérard ? » « Oui bien, bien. »  « Tu veux qu'on t'attache ? » « Oui mais vite hein » Y en a toujours un aussi qui a mangé un bout de saumon froid vite fait qui s'est choppé une arrête. (rraa, rra) « Qu'est-ce que t'as René ? » « J'ai rraa, avalé une arrête, rraa » « Mange de la mie de pain » « ça fait la deuxième baguette que je bouffe rraa, rraa. » Arrive alors le melon. Moment très important car correspond avec l'arrivée d'une guêpe qui est là en mission de reconnaissance. Dès qu'elle voit arriver ton melon, elle appelle immédiatement son chef d'escadrille. « Allo, allo Rogers, ici Frelon futé, je suis au dessus de la table des cons qui bouffent dehors, je viens de voir un melon à l'horizon, je suis passée devant l'étiquette, non non, ce n'est pas de la merde c'est du Cavaillon, On va s'éclater le dard. Attention les tranches sont dans les assiettes, sus au cavaillon bon appétit à toutes, terminé » Et là t'as toutes les guêpes du quartier qui déboulent. (zzzz, zzzz) Et là pour lutter face aux guêpes chacun sa technique (zzzz, zzzz) t'as celui qui essaie de les découper en plein vol avec son couteau (zzzz, zzzz), celui qui n'a peur de rien et les attrape à la main : « ça y est, je l'ai » (Ahh, ) T'as aussi l'ami des bêtes : « Faut pas bouger, si tu bouges pas , elles te piquent pas. Voyez la guêpe sur mon nez, si je ne bouge pas elle me pique pas » Alors lui à force de ne pas bouger il a tout sur son nez : des guêpes, des fourmis, des abeilles, des moustiques c'est plus un nez c'est une ruche. « Bon ben je vais y aller parce que là j'ai le nez bourré de miel, je vais finir par attirer les ours » Et là tu passes près du barbecue tout est noir, carbonisé et là t'as un petit avec son assiette : « Eh monsieur, je peux avoir la petit saucisse en plastique qui est là ? » « Une saucisse en plastique ?  Oh merde ! Chérie ça y est, j'ai retrouvé mes lunettes»
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