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LA BELLE-MERE Didier Benureau

Allô ? Bonjour Jean-Claude, ça va ? Oui c’est belle-maman. Oui très bien, très calme, une très bonne journée. Et vous le boulot, ça va ? La santé ? ….Alors cette grosseur mal placée, ils vous l’ont retirée ?  Ah ! Elle était mal placée, oui ! Ah ! Ils ont réussi à le sortir ce gros marron. Oui, oui un petit bouton, mais ça, ça peut revenir, hein…..et faire cancer. Oui. Ils l’ont retirée et oui, d’acc. Ils l’ont… d’acc…oui mais souvent ça, ça revient…. Et ça, ça fait cancer…oui…d’acc…oui….ils l’ont reti…oui…d’acc…oui ils ont tout raclé ? oui…d’acc…oui…mais même si, oui…mais Jean… ça reviendra !
(Aparté) Il m’emmerde ce con….
Mon petit Jean-Claude, je pourrais parler à ma fille ? Elle est…en cuisine ? Oh bah c’est p’têt pas la peine de la déranger ? Si ? Vous me la passez ? (rire sadique) … Allo ? Patricia ? C’est maman ! Je t’emmerde ! Tu entends ? Toi et ton Jean-Claude je vous emmerde tous, c’est ça et le petit avec et va te faire poinçonner ma connasse ! (raccroche)
Ah je ne les aime pas tous les deux ! Je ne les supporte pas. Je ne peux pas m’en empêcher ! C’est plus fort que moi ! Oh !  Il faut bien s’amuser un petit peu. À nos âges…Allez je rappelle.

Allô ? Allô Jean-Claude ? Oui c’est encore moi. Excusez-moi j’ai honte je suis confuse… oh la la la, quel malheur mon p’tit Jean-Claude, vous devez me détester hein ? Oh la la la. J’espère que le petit n’est pas au courant ? Le petit, vous ne lui avez rien dit ? Oh c’est gentil. Oh c’est qu’il l’aime hein ? Sa mamie. Voui, moi aussi ! Oh non ! Oh non ! Je crois qu’il vaut mieux que j’en finisse tout de suite ! oh bah écoutez,  quand on dit des saloperies comme ça ! Je ne sais pas ce qu’il se passe en ce moment,  je crois que je perds complètement la boule. Bah vous savez ce que c’est, vous. Mais mon petit Jean-Claude, Alzheimer ? Ça vous dit quelque chose ? Eh ben c’est lui. Je suis prête à faire tous les traitements que vous voudrez, Ah oui, l’hôpital psy… Psychiatrique, la camisole chimique… Oh ça me fait chaud au cœur ce que vous me dites. Bah si vous pensez que ça peut s’arranger un jour, ça va déjà mieux ! Je me sens plus calme, plus… d’attaque ! Ah non je ne recommencerai pas de si tôt ! Non, y a pas de danger ! voilà, moi aussi ! dites Jean-Claude, je voulais vous dire que s’il devait m’arriver quelque chose. Nan je dis quelque chose (en forçant la voix), dites lui surtout que sa maman l’aimait très fort ! Vous ne m’en voulez pas trop alors ?  Vous me passez ma fille ? Elle est occupée ? Ce n’est pas la peine, on oublie. Si on oublie, Jean-Claude… Vous me la passez ? Bon juste un mot alors
(Aparté) bougre d’abruti !
Allô ? Patricia ? Oh qu’est ce que je suis malheureuse tu sais, oh bah toi aussi tu pleures ! Oui, bah je sais que tu m’aimes, ma pauvre petite. Mais ta maman aussi tu sais ? À sa façon ! Oui moi aussi ! Très fort moi aussi. Moi pareil. Moi aussi. Moi aussi. Moi aussi
Mais puisque je te dis que ca va ! T’as pas fini de me faire chier ?  Hein ?  Je te nique, tu entends ?  Toi et ton gros connard de Jean-Claude, voila je vous nique tous ! C’est ca et le p’tit avec ! Voila, je nique toute la famille ! Et joyeux noël les trous d’uc ! (Il raccroche)
 Je crois que j’ai été un petit peu loin là… demain je ne rappellerai pas…oh non ! J’attendrai après-demain ! C’est formidable de vieillir… On peut tout se permettre, on vous pardonne tout ! Si ! Vous verrez… tout.

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