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LES NOUVELLES Les Vamps
Giselle et Lucienne assises.
Lucienne prend une feuille du journal de Giselle qui la lui reprend. Lucienne réclame silencieusement un bout de journal à Giselle qui finit par céder.
GISELLE : Ben écoutez voir un peu c'qu'y disent là : « C'est vendredi soir que les policiers ont retrouvé dans le réfrigérateur de Gilbert Lagan les restes congelés et coupés en morceaux d'une jeune fille de 24 ans. Gilbert Lagan a d'abord affirmé que les morceaux de viande provenaient des restes du méchoui organisé lors du mariage de sa sœur. C'est alors qu'en fouillant dans la poubelle les policiers ont retrouvé la tête de la victime, la bouche ouverte, semblant vouloir dire « Au secours, aidez-moi ! »
LUCIENNE : Oh ben tiens, y'a les conseils de santé de Rika Zaraï : « Mesdames pour supprimer la culotte de cheval, mangez de l'avoine ! »
GISELLE : Tiens, c'est bizarre ça, écoutez voir un peu : « Un voleur allemand se fait mordre par un berger arabe. » Boh, doit y'avoir une infusion, c'est pas possible !
LUCIENNE : Oh encore un attentat contre une femme seule. Ça vous fait pas peur ça Giselle ? Moi j'y pense souvent, hein ?
GISELLE : ça va pas d'vous mettre des idées pareilles dans la tête, non ?
LUCIENNE : Ben eh, regardez cette pauvre Madame Le Branchu… Elle s'est fait bousculer par un voyou qui voulait lui voler son sac à main et bien depuis elle….
GISELLE : Eh ben tant pis pour elle. Elle l'a bien cherché ! Vous n'allez pas me dire quand même non ? Celles-là qui s'font attenter c'est qu'elles le veulent bien ? Avec les mini-jupes et les bas-couture vous ne croyez pas qu'elles le font exprès, non ?
LUCIENNE : Oh ben voui,
GISELLE : Alors…
LUCIENNE : Oh ben voui.
GISELLE : Alors, alors… Nous aussi on pourrait se faire attenter. Tous les jours même !
LUCIENNE : Ah bon ?
GISELLE : Ben oui ! Seulement on s'respecte, on a notre quant à soi. Tiens, par exemple, moi j'sais bien c'que j'f'rais si je voulais qu'on m'attente. Je remonterais là… j'raccourcirais un peu ici… et hop ! le tour est joué, j'suis attentable.
LUCIENNE : Oui… enfin… faut pas rêver, hein ? En tous cas cette pauvre Madame Le Branchu elle a eu sa chance et puis elle l'a laissée passer.
GISELLE : Eh ben tant pis pour elle. A nous de pas laisser passer la nôtre et pis c'est tout ! C'est vrai, quoi… faut se tenir prêtes, rester féminines et coquettes.
LUCIENNE : Vous avez raison Giselle, et ben dès demain je me fais un masque.
GISELLE : Un masque ?
LUCIENNE : Ben oui, un masque aux poireaux, y paraît que c'est vitrifiant. Oh pis y'a le masque aux concombres aussi qu'est bien, ou aux carottes.
GISELLE : Aux navets aussi, non ? On a qu'à se faire une grosse soupe de légumes genre minestrone et puis hop là hein ?
LUCIENNE : Oh ben oui, c'est c'que j'vais m'faire pour être belle pour aller à Paris.
GISELLE : Eh ben ça va être quequ'chose hein ?
LUCIENNE : Parce ça y est ! J'me suis inscrite avec le club !
GISELLE : Hein ?
LUCIENNE : J'pars à Paris : ses rues animées, ses faubourgs illuminés, sa faune bigarrée…
GISELLE : Non mais ça suffit, hein ! Vous allez nous réciter le prospectus maintenant ?
LUCIENNE : Pis alors on va aller visiter les égouts, les catacombes et pis on va prendre le RER.
GISELLE : Oui, vous avez raison d'prendre l'horaire comme ça vous serez à l'heure.
LUCIENNE : Oh mais le club y sont bien organisés, hein ?
GISELLE : Organisé, le club ? Non mais vous voulez rire ou quoi ? Ah ben si ça fiat comme quand on a fait du camping en 76, l'année de la clavicule, merci bien, hein ? 45 degrés à l'ombre sans eau, on n'avait que du Beaujolais. Ben oui, c'est pratique pour se laver le Beaujolais, hein ?
LUCIENNE : Ah oui, non, mais le club c'est bien, c'est pour les activités. Ben et moi, je viens de finir mon troisième collier de nouilles.
GISELLE : Oui, c'est vrai qu'au niveau des activités c'est pas mal. Moi j'suis contente, au yoga j'ai terminé le grand écart. D'ailleurs, c'est l'heure j'y retourne : j'vais attaquer le poirier